Devant un tableau de Krochka Rien ne se... - Lot 0 - Euvrard & Fabre

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Devant un tableau de Krochka Rien ne se... - Lot 0 - Euvrard & Fabre
Devant un tableau de Krochka Rien ne se passe - tout se passe. L'oeil, une fois capté par le tissu de la peinture, ne se lasse pas de se bercer dans les mouvements imperceptibles du silence. S'il y a une surface opaque lisse, pellicule fine qui fait peau extérieure, résultat de couches voilées comme des pans nébuleux de pluie, poussées par le vent qui fait disparaître le monde dans une épaisseur imperméable, auxquelles les voiles se butent. La peinture a lieu à l'extérieur, là où la couleur est plus profonde, mêlée au noir : rien à voir non plus, c'est-à-dire rien à reconnaître, mais à vois purement, infiniment le mouvement vague, sans direction, un souffle, une vacillation. Il est en rapport avec l'extérieure surface qui est sa limite, qui le recouvre et qui le cicatrise : un silence proche palpable rejoint un silence lointain, insondable. Il ne se passe rien, tout se passe continuellement, aucun événement particulier, à peine une cicatrice se profile comme une couture maladroite où l'intérieur est pris dans l'extérieur. Dans ce contexte la couleur est au plus loin, au plus cachée de son existence individuelle. Elle n'est ni bleue, ni jaune, mais fusion suspendue, verdâtre où le jaune sourd en surface et le bleu s'abîme en profondeur. Elle peint. Elle est l'espace du tableau et son corps également, traçant ses dimensions entre l'extérieur et l'intérieur. En son sein, dasn son silence, le tableau recèle une lumière comme s'il vivait en fusion de la nuit. Ainsi la forme est inversée, car elle est intérieure, ni déchirure, ni plaie, mais ouverture sur une présence secrète au-delà de la surface. 25-05-96 Helga MUTH
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