20.21 SEPTEMBRE 2025 JOURNEES DU PATRIMOINE Redécouverte d'un tableau de Paolo de MATTEIS (1662 - Naples 1728)
Notre tableau est très probablement le chef-d'œuvre de la période parisienne de Paolo de Matteis, peintre napolitain, figure de renommée internationale de la fin de la période baroque.
Paolo de Matteis, originaire de Salerne, se forme dans l'atelier de Luca Giordano à Naples. Durant son apprentissage, il se nourrit des leçons des artistes de son temps : Luca Giordano, Francesco Solimena et leurs innombrables collaborateurs.
Très vite, de Matteis développe un style personnel mêlant dynamisme baroque, raffinement coloré et la grâce nouvelle annonciatrice des sensibilités plus légères de son temps. Il insuffle à ses compositions une intensité dramatique et une élégance théâtrale tout en explorant la lumière, le mouvement et l'émotion.
L'artiste quitte Naples pour Paris en 1702 à l'invitation du Régent et d'un courtisan de la cour (voir Bernardo De Dominici, Le Vite de' pittori, scultori ed architetti napoletani, Naples 1742). Le séjour parisien du peintre (1702 - 1705) a été étudié pour la première fois par Arnaud Brejon Lavergnée (voir A. Brejon de Lavergnée, " Plaidoyer pour un peintre de " pratique " : le séjour de Paolo de Matteis en France (1702-1705) ", in La Revue de l'art, 1990, n° 88). Il représente un moment marquant dans la carrière de l'artiste : il se voit confier des commandes prestigieuses au contact d'artistes italiens et français, dans une atmosphère de transition stylistique du baroque vers un style plus élégant, pré-rococo. Le séjour de de Matteis annonce une vague plus vaste d'artistes italiens à Paris. Bien avant l'arrivée de Sebastiano Ricci, Rosalba Carriera ou Pellegrini, encore sous le règne de Louis XIV, de Matteis amorce le rococo à Paris et pose les jalons de la génération de Lemoyne et Boucher. Parmi ses mécènes les plus éminents on peut nommer Antoine Crozat, futur protecteur de Antoine Watteau, le marquis de Clérembaut et le duc d'Orléans. En plus des décors dans les palais et galeries parisiens, De Matteis réalise également la voûte du couvent royal des Augustins (disparu). En reconnaissance de son refus d'accepter un paiement pour cette œuvre, lui, son épouse et leurs huit enfants reçoivent le titre de membres honoraires de l'ordre (voir A. Brejon de Lavergnée, idem, pp. 70 -71). La seule œuvre de la période parisienne à avoir été conservée est le Saint Léon devant Attila peint à la demande de Léon Potier, duc de Gesvres et installé au dessus de l'autel de la chapelle du couvent des Célestins, rebaptisée en l'honneur de ce saint.
Pendant le séjour parisien, son art s'enrichit de la tradition académique française héritée de Le Brun, avec une palette plus raffinée et un dessin plus élégant.
À son retour à Naples en 1705, l'artiste conserve l'influence parisienne dans ses œuvres qui sont désormais teintées d'une sensibilité raffinée et d'une mise en scène plus organisée, reflet de l'élégance apprise dans la capitale française.
Nous retrouvons dans notre toile, cette palette de couleurs vives, une composition élégante et dynamique et un sens raffiné du mouvement où le sacré et le mythologique se fondent naturellement. Les nus masculins de notre tableau, les démons en mouvement, aux tonalités chaudes rappellent ceux de la Mort d'Adonis ou de l'Enlèvement de Proserpine, fresques peintes par Giordano au Palais Medici Riccardi (1682-1685) alors que les couleurs clairs, jaune citron, camaïeu de bleus, de la figure de l'enchanteresse sont la marque du séjour parisien.